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Centre intégré universitaire
de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal

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Alternatives à l'urgence

Il y a actuellement une grande pression sur le réseau de la santé. Il existe d’autres options que l’urgence :

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Le transport sécuritaire des jeunes, au-delà des apparences

La sécurité des usagères et usagers est l’une de nos plus importantes priorités. Pour cela, la direction Approvisionnement et logistique (DAL) assure le transport sécuritaire de l’ensemble des personnes que nous hébergeons dans nos installations. 

Des CHSLD, centres de réadaptation, centres jeunesse, foyers de groupes, aux hôpitaux, cliniques, institutions et tribunaux, les chauffeurs et chauffeuses de la DAL parcourent la ville, et parfois la province ou le pays, pour amener les usagers et usagères à bon port et en bonne santé.

Parmi ces usagers et usagères, des jeunes qui résident dans les centres jeunesse doivent régulièrement se rendre à la Chambre de la jeunesse de Montréal, avec l’aide de chauffeurs dédiés à leur sécurité. Ces derniers revêtent alors de multiples chapeaux, de chauffeur à agent d’intervention, et les accompagnent à chaque étape de leur parcours d’un jour, dans un lieu unique en Amérique du Nord : l’Escale.  

Une bouffée d’air dans la tempête

Dans le bâtiment de la Chambre de la jeunesse de Montréal, l’Escale est un centre de jour où transitent les jeunes de la DPJ et les jeunes qui ont commis un délit, dont on a autorisé la détention et qui doivent comparaître au tribunal dans la journée. 

Ces adolescent.e.s et jeunes adultes de 12 à 20 ans sont détenu.e.s en centre jeunesse ou de réadaptation ou amené.e.s sur place par la police après une arrestation, et font l’objet d’une mesure d’encadrement intensif. 

Dans ce lieu dirigé de main d’experte par Valérie-Anne Caron, cheffe de service des transports, de la messagerie et de l’Escale à la DAL, tous et toutes ont la possibilité de vivre le mieux possible un moment particulièrement éprouvant, avec le soutien d’une équipe d’agents de transport sécuritaire et de plancher, et d’une éducatrice du Programme jeunesse. 

Une structure unique en Amérique du Nord

Dans un va-et-vient d’arrivées et de départs et surtout d’imprévus, une équipe de répartition chevronnée orchestre toute la logistique des déplacements, mais aussi les tâches administratives pour le tribunal.

Au-delà de son mandat régional, l’Escale est bien plus qu’un centre de jour et un point de chute des transports sécuritaire. C’est une structure unique en Amérique du Nord, dans laquelle les jeunes n’ont pas l’obligation d’attendre leur comparution en cellule comme dans les autres installations fermées.

Bien au contraire, tout est mis en place pour leur offrir la journée la plus agréable possible, dans une salle commune où ils peuvent jouer, regarder des films, se confier et se déposer, à condition de ne mettre personne en danger.

Sur place, les jeunes peuvent également voir leurs parents et leur téléphoner avant et après leur comparution, et bien sûr s’entretenir avec leurs avocats et avocates, sous la supervision de l’équipe de Valérie-Anne. 

Ici, tout le monde le sait, les jeunes qui transitent par l’Escale peuvent avoir vécu toutes sortes d’événements, et ont besoin d’un cadre sécuritaire et bienveillant.

Dès leur montée dans le fourgon, ou au garage si la police les amène, les jeunes sont placé.e.s sous la responsabilité de la DAL, et rien n’est laissé au hasard.

Deux agents d’intervention accompagnent chaque jeune en tout temps, dans les locaux de l’escale et pendant l’audience à la Cour.

Tout au long de la journée, tout est organisé pour leur faire comprendre une chose : on est là pour les aider. 

Une équipe tissée serrée autour des jeunes

La mission de sécurité de l’Escale est le fruit de l’engagement sincère d’une petite vingtaine de personnes aux expertises variées, toutes dédiées au bien-être des jeunes. 

Composée de 13 agents d’intervention, d’une éducatrice, de 2 répartitrices, et de 2 responsables de la liaison et d’autres tâches administratives, cette équipe dirigée par Valérie-Anne Caron est présente en tout temps sur le plancher de la salle commune.

Elle précise : « Ici, on collabore pour agir en bienveillance. On a des jeunes qui commencent en tant qu’agents d’intervention et d’autres qui sont sur le plancher depuis 25 ans. C’est une belle diversité d’expérience, les vieux coachent les jeunes. 

Le mot d’ordre? Ne JAMAIS quitter les jeunes.

Gardiens du bien-être des jeunes

Au quotidien, les agents doivent faire attention à chaque mot prononcé, chaque regard échangé, chaque numéro de téléphone composé. Et naviguer parmi de potentiels membres de gangs de rue, agresseurs pour les autres jeunes, risques suicidaires, crises d’angoisse, accès de violence… 

Dans un contexte souvent tendu, ces professionnels de la sécurité allient à la perfection surveillance et écoute, autorité et compassion. Sylvain Francis est agent d’intervention depuis 25 ans, et dédié au transport sécuritaire depuis 6 ans. Il explique la raison d’être de son travail :

Sylvain Francis

« Je suis avec les enfants toute la journée. 
On les occupe en attendant de passer à la cour. Parfois ils font de l’anxiété, ils ont des questions. On les encadre, on les rassure, on leur explique ce qui va se passer. 
Il y en a qui sont fébriles, ils ne se sentent pas bien. Et à ma place, je peux leur apporter du réconfort. J’ai des enfants aussi, alors pour moi c’est important. On essaie de leur apporter de la sécurité et du réconfort. »

Shaun Morrisson, agent d’intervention, exerce son métier pour une belle raison : changer les choses.

Membre des Forces armées canadiennes, il a toujours souhaité jouer un rôle positif dans la société. Auprès des jeunes de l’escale, il est une figure rassurante, un modèle de jeune homme positif et impliqué, et s’efforce de leur donner envie de s’en sortir. Il partage,

« Ici on voit des jeunes différents chaque jour, mais ce sont souvent les mêmes jeunes qui reviennent. Par exemple, quand on assure le transport de Cité des Prairies ou des récidivistes. Alors on crée un lien. Ce sont de jeunes ados réfractaires aux règles. Ça leur fait du bien d’être compris et non jugés.
Évidemment, je ne suis pas leur référence. Leur référence, à leur âge, c’est leur groupe d’amis, mais en leur parlant, j’ai espoir de leur montrer que c’est possible de faire quelque chose de sa vie. »

Shaun Morrisson

Particulièrement sensible à ce que peuvent vivre les jeunes dans ce contexte de tension et de démarches juridiques. Que ce soit pendant les audiences, assis près des jeunes, ou à leur retour à l’Escale, Shaun est présent pour les rassurer, et leur permettre de vivre leurs émotions sans pour autant se mettre en difficulté face aux autres jeunes sur le plancher. Il raconte, 

« Un jour on est allés chercher un jeune placé, qui s’est complètement désorganisé à la sortie de la Cour. Il n’allait vraiment pas bien, il pleurait. C’est difficile parce que ces jeunes ne peuvent pas se montrer vulnérables, l’image est très importante pour eux. 
Alors au lieu de l’intégrer au groupe, comme on doit habituellement le faire, je l’ai laissé prendre un moment pour vivre ses émotions. Je lui ai ouvert une salle d’isolement et je l’ai laissé se calmer, se reposer. Sous surveillance bien sûr, mais dans son intimité.
Ces jeunes vivent une situation particulièrement difficile, et c’est important de les laisser se déposer en toute confiance, en toute sécurité. »

Une présence rassurante à chaque étape

Antonine Sterling est éducatrice spécialisée. Après avoir exercé auprès de jeunes contrevenants à Cité-des-Prairies pendant 6 ans, elle s’est jointe à l’équipe de l’Escale en décembre dernier. 
Toujours présente, elle accueille chacun des jeunes à son arrivée, pour déterminer comment il va et lui expliquer tout ce qui va se passer. 
Elle reçoit aussi les plus anxieux à leur retour de la Cour, s’assure qu’ils puissent voir leurs parents, sans peur et sans honte, eux qui savent qu’ils vont se faire « chicaner ». 
Très attentive, elle aussi, à leur sécurité, elle connaît très bien le phénomène des gangs et n’hésite pas à communiquer les centres pour savoir à quelle « famille de la rue » ils appartiennent. 
Avant tout, Antonine prend le temps, et c’est ce qu’elle semble le plus apprécier dans ce rôle. 

Antonine Sterling

« J’adore être ici! 
On a le temps de prendre le temps avec les jeunes. On prend le temps de les accueillir, de regarder comment ils vont avant ET après le tribunal. 
On est là pour attendre de passer devant le juge alors on peut passer 1 h ou 2 h à jouer avec eux. On leur demande s’ils sont stressés, et on peut les rassurer. Et au retour, on prend encore le temps de parler de ce qui les attend.
Les gars le savent : je suis toujours avec eux. J’adore ce que je fais. »

La sécurité des jeunes, un travail d’expertes

À la tête de l’équipe bien rodée de l’Escale, Valérie-Anne Caron gère les opérations et s’assure en tout temps de la sécurité des équipes et des jeunes. Responsable du transport des usagers et usagères, des transports interétablissements et du transport sécuritaire, y compris celui des jeunes, elle pose son regard avisé sur tous les aspects des itinéraires, trajets et besoins des usagers et usagères en termes de transport au sein de l’établissement.

Si Valérie-Anne est aujourd’hui en mesure de gérer les transports sécuritaires en plus des opérations quotidiennes de l’Escale, c’est autant grâce à ses talents en gestion qu’à son parcours éclectique. Sa carrière riche — Forces armées médicales, gestion d’entreprise, assistance médicale — a renforcé ses compétences transversales, lui permettant aujourd’hui d’exercer une gestion ouverte sur les nombreux aspects de cette installation à part, de la logistique à la sécurité, en passant par le volet clinique et la gestion. Elle explique, 

« J’ai développé une belle passion pour ce service. Les journées sont toujours différentes. On peut avoir quelques jours de calme et tout d’un coup, 3 arrestations dans la nuit et toute une logistique de chauffeurs et d’usagers et usagères à gérer. »

Valérie-Anne

Pour mener à bien toutes ces missions, Valérie-Anne doit pouvoir compter sur une équipe motivée, encline à donner le meilleur en toutes circonstances. 
Convaincue qu’un système fonctionne mieux lorsque tout le monde s’y sent bien, elle se montre à l’écoute des besoins et des réalités différentes de ses agents et surtout, leur fait une confiance immense sur le terrain.

Résultat? Des agents dévoués, et des jeunes bien encadrés, dans un milieu accueillant et réglementé. Ici, les règles qui s’appliquent aux petits usagers s’appliquent aussi aux équipes, et tout le monde s’efforce de les respecter.
Dans l’équipe de Valérie-Anne, on respecte les lieux et les gens. On travaille dur, on se soutient, on s’écoute… On gère des humains, et on reste des humains. 

Des yeux partout

Derrière toute cette logistique, Hélène Goyette, répartitrice cheffe d’équipe au transport sécuritaire à la DAL, assure la mission tentaculaire du suivi des allers-retours, entrées, sorties et déplacements de tout ce petit monde.

Celle que toute la Chambre de la jeunesse connaît sous le nom d’« Hélène de l’Escale » est la gardienne du bon fonctionnement des lieux.

Derrière son bureau aux airs de tour de contrôle, elle porte deux chapeaux:

Pour le transport sécuritaire, elle s’assure que les jeunes arrivent à l’heure à leurs rendez-vous au tribunal ou à l’extérieur, que les chauffeurs respectent leurs horaires, les limites de vitesse, les vérifications des véhicules, les rendez-vous d’entretien de la flotte. Mais aussi du ravitaillement en sucreries et en petits plaisirs pour ses collègues, qui travaillent tout aussi dur qu’elle.

Pour l’Escale, elle gère les allers et retours des jeunes qui doivent comparaître devant les juges, la transmission des décisions, les visites des avocats, des parents, des intervenants et intervenantes, la vérification des identités, le filtrage des faux membres de la famille, etc.

Parce qu’après 26 ans à l’Escale, Hélène est très connue et connait tout.

Elle ajoute, « J’en ai vu des jeunes passer ici… Je connais tous les avocats, je connais tous les juges, je trouve toutes les infos. Il faut être un peu hyperactive pour travailler à la répartition, il faut avoir des yeux partout et penser à tout. »

Alors qu’elle fait figure d’autorité dès l’arrivée des visiteurs et visiteuses des jeunes de l’Escale, Hélène exerce son métier avec une empathie authentique pour les usagers et usagères et leurs familles.

Elle se confie, « Ici, on ne juge pas. Ni les jeunes ni les parents. Les parents font ce qu’ils peuvent.

Un jeune qui arrive ici, c’est un être humain, pas encore reconnu coupable. Parfois, c’est un jeune au mauvais moment, au mauvais endroit et il faut être capable de dealer avec ça. »

Une chose est sûre, à l’Escale, on est capable de « dealer avec ça ». Sans jugement, avec amour et respect.

Merci à l’équipe de Valérie-Anne, pour sa présence rassurante auprès des usagères et usagers.