Dans notre CIUSSS, les valeurs c’est sacré. Pour nos usagères et usagers et dans nos équipes, elles guident nos actions et nos décisions. Alors quand certaines situations viennent heurter nos valeurs et convictions, il peut devenir difficile de travailler en toute sérénité.

C’est là qu’interviennent les conseillères en éthique, une équipe de choc qui assure la gestion fluide et transparente des processus de prise de décision éthique, tant au niveau clinique qu’au niveau organisationnel.

Vous vous demandez ce que cela signifie concrètement? Carolane Larocque, conseillère en éthique, nous a parlé de son rôle et de ses missions.

Un cours 101 d’éthique, par une experte en la matière!

1. On parle beaucoup de l’importance de l’éthique. Mais c’est quoi l’éthique, au juste?

Carolane Larocque:

L’éthique permet de prendre des décisions réfléchies qui prennent en considération l’ensemble de la situation et le souci de mesurer l’impact de nos décisions sur les autres. 

Parfois, quand une situation vient ébranler nos valeurs, on rencontre un malaise éthique et notre petite voix intérieure nous fait douter de l’action à prendre. 

Ce doute peut être simplement à l’intérieur de nous, mais peut aussi émerger d’une tension de valeurs avec une personne à qui l’on rend des soins ou services, des membres de sa famille, des membres de notre équipe ou d’une autre équipe avec laquelle on collabore.

En bout de ligne, ces malaises et ces tensions peuvent nuire aux usagers et aux usagères. Il est donc essentiel d’y répondre afin de pouvoir dialoguer et réfléchir à la situation, pour prendre des décisions dans le meilleur intérêt des usagers et usagères. 

2. Quel est le rôle des conseillères en éthique?

Vivre un trop grand écart avec nos valeurs n’est souhaitable ni pour les équipes, ni pour l’organisation, ni pour les usagères et usagers.

On essaie, par une panoplie de moyens, de réduire la souffrance éthique.

Concrètement, on traite des questions de sécurité, de confidentialité, de droit des usagers et usagères. C’est très varié! On aide les gens à mieux comprendre leurs enjeux, afin d’avoir des outils pour y répondre, sur le moment et à l’avenir idéalement.

Ce qu’on peut faire, c’est animer des délibérations éthiques, organiser des ateliers sur des sujets précis. On accompagne aussi des équipes dans leur réflexion concernant des malaises qu’elles ont vécus, on les aide à redonner du sens et du pouvoir à leurs actions.

Et bien sûr, on s’adapte aux besoins des gens et des équipes. On cherche des solutions qui leur conviennent.

3. Pourquoi ce rôle est-il essentiel, notamment dans le domaine de la santé et les services sociaux?

L’éthique, ça semble souvent très compliqué pour les gens. Mais plus on a de malaises éthiques non gérés, plus ça peut avoir de conséquences sur la souffrance éthique, le désengagement, voire le cynisme des gens.

On rencontre des enjeux et des clientèles de plus en plus complexes, et des problèmes multiples qui se cumulent. Cela se produit dans des environnements en pénurie de personnel, dans un contexte de changements organisationnels… Beaucoup de variables qui nous obligent à constamment nous réajuster. Les gens vivent des enjeux au quotidien.

Dans notre structure, tout va si vite qu’on ne peut pas toujours s’accorder les moments de réflexion ou de dialogue nécessaires pour donner un sens commun et réaligner les différentes valeurs des gens. 

On ne va pas se mentir, il y a de la détresse dans le réseau. On doit prendre des décisions difficiles, faire des choix avec lesquels on n’est pas forcément à l’aise.

C’est donc important d’aider les gens à comprendre les différentes décisions. Ça permet de soulager la détresse et de continuer à s’adapter, tout en offrant d’excellents services plus longtemps.

4. Pourquoi est-ce que votre mission vous passionne?

On est appelées à travailler avec tout le monde.

Les journées ne se ressemblent pas, on doit être très créatives. Et on a un véritable impact sur les gens.

Même si on n’a pas de baguette magique, on aide les gens à retrouver un sens à leurs démarches, leurs actions.

Parfois, on les aide simplement à accepter que la situation ne leur appartient plus. Et cela les aide à lâcher prise.

À l’inverse, on aide des équipes à trouver des solutions simples alors qu’elles pensaient qu’elles ne pouvaient rien faire. Et là, les gens embarquent avec nous, ont envie de mettre en place des outils, de revoir certains critères.

Ça ramène tout à l’essentiel : mieux servir les usagères et usagers.

Merci à nos conseillères en éthique, pour leur travail et leur disponibilité!