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Centre intégré universitaire
de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal

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Rougeole - Port du masque de procédure obligatoire

Des cas de rougeole ont récemment été confirmés au Québec, dont plusieurs à Montréal. En raison de la circulation de ce virus très contagieux dans la métropole, le port du masque de procédure est maintenant obligatoire dans toutes nos installations où des soins de santé et services sociaux sont offerts à la population.

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Actualités

Lorsque passion rime avec engagement

Assunta Gallo - Directrice de la protection de la jeunesse, assise à son bureau

Si votre regard croise celui d’Assunta Gallo, la toute nouvelle directrice de la protection de la jeunesse du CCSMTL,vous pourriez être immédiatement envoûté par la lumière qui brille dans ses yeux et qui révèle le feu sacré qui anime cette gestionnaire, dévouée à la cause de la protection de la jeunesse depuis près de 25 ans.

Discuter avec Assunta Gallo, c’est découvrir cet univers qui est le sien, un univers qu’elle connaît sous toutes ses coutures – ou presque – et qu’elle adore, inconditionnellement. C’est aussi et surtout un moment privilégié d’en connaître davantage sur cette femme passionnée et engagée, qui communique avec aisance et conviction sa philosophie, ses valeurs, sa vision, mais aussi ses préoccupations par rapport à cet univers de la protection de la jeunesse.

D’entrée de jeu, il est opportun de souligner l’impressionnant parcours de Mme Gallo auprès de la clientèle ado et enfants, en urgence sociale ou encore en soutien aux familles. Dès son jeune âge, elle était déjà portée vers l’aide aux enfants. Étudiante au secondaire, elle cherchait les occasions où elle pouvait apporter sa contribution (mentorat, bénévolat, etc.).

Cette expérience a été pour elle déterminante de la carrière qu’elle allait embrasser : « Lorsque j’ai commencé mes études en éducation spécialisée au Collège Vanier, indique Mme Gallo, j’ai essayé un peu de tout. Mais je savais que je voulais être en protection de la jeunesse. J’ai aussi fait des stages avec des personnes âgées, des personnes atteintes du cancer en phase terminale… mais j’étais un peu trop jeune pour ça, je n’étais pas prête. Je retournais toujours en protection de la jeunesse. Alors je suis retournée aux études en travail social ».

Aujourd’hui DPJ du CCSMTL, cette dernière doit composer avec de nouveaux et nombreux défis, notamment l’arrivée de migrants, les interventions auprès d’une clientèle aux différentes cultures et religions, etc. En quoi cela change-t-il le travail de la DPJ ? Selon Mme Gallo, avec toutes les pratiques cliniques à notre disposition, nous devons toujours nous moderniser face aux réalités qui se présentent à nous. « Le visage montréalais a changé, cela veut dire que notre clientèle aussi a changé. On doit s’ajuster. Quand on intervient en protection de la jeunesse, c’est absolument nécessaire de prendre en compte ses acteurs. Notre pratique doit considérer la culture, le parcours migratoire, de même que dans nos façons de faire et de s’assurer que notre pratique est culturellement compétente, pour individualiser nos interventions. »

La DPJ passe parfois au tordeur… mais remettons les pendules à l’heure

 On le sait, la DPJ a parfois mauvaise presse. Essentiellement parce que les listes d’attente ne cessent de s’allonger et que le préjugé répandu selon lequel les enfants sont retirés de leur milieu familial persiste. Mme Gallo est bien consciente de ces « reproches » qui circulent.

Elle souhaite mettre une chose au clair : « Quand on entend DPJ, l’écho qu’on en fait, c’est que les enfants sont séparés, mais la réalité c’est que la grande majorité des enfants en protection de la jeunesse demeurent dans leur milieu familial et c’est d’ailleurs ce que préconise la DPJ. Un nombre d'enfants en protection de la jeunesse du CCSMTL se retrouvent avec des gens qui leur sont significatifs (famille élargie, tante, oncle, grand-mère, etc.). Un autre nombre d’enfants vivent en milieu de réadaptation. Il y a aussi de très belles histoires ! ».

Mais selon Mme Gallo, des changements doivent être apportés à la DPJ sur les plans social et politique.

« Le bien-être des enfants doit prendre une plus grande place, collectivement. Comme société, nous sommes tous responsables de ce qui arrive à nos enfants. Je suis responsable de la région de Montréal, volet centre-sud, mais quand je vois des listes d’attente sur le plan national – que l’enfant se trouve en Abitibi-Témiscamingue ou au Grand Nord -, pour moi, un enfant est un enfant. Et il faut qu’il soit pris en charge. On voit, récemment, que les listes d’attente s’allongent depuis les cinq dernières années. On doit trouver des solutions qui durent dans le temps, parce qu’on a des enfants et des familles en détresse et on ne réussit pas à les rejoindre si rapidement qu’on le voudrait et cela, ça change la donne. Les listes d’attente représentent une priorité pour le MSSS, pour notre établissement, pour les gestionnaires, les intervenants. Ces derniers sont des personnes passionnées, énergiques. Être intervenant en protection jeunesse, c’est une vocation. C’est un travail qui est émotivement très lourd. J’ai rencontré des intervenants qui sont plein d’espoir et c’est ça dont on a besoin d’avoir. Croire que le changement est possible. »

« Entre deux joints… »

Une question s’imposait : La récente légalisation du cannabis, changera-t-elle quelque chose au chapitre des interventions en PJ?

« C’est difficile à dire, indique Mme Gallo, Quand on fait des évaluations, certains parents consomment déjà du cannabis et maintenant c’est légal, comme la cigarette et l’alcool. On ne regarde pas la drogue comme tel, mais plutôt l’impact de la drogue sur l’enfant. Par exemple, est-ce que le parent est intoxiqué au point où il en perd sa capacité à prendre soin de son enfant ? Est-ce que le jeune réagit face au fait qu’il sait que ses parents prennent de la drogue ? Si le parent fume le cannabis la nuit dans un espace aéré quand l’enfant est couché, cela n'a pas nécessairement d’impact; on voit que la parent met des facteurs « de protection » autour de son enfant. Si on voit qu’un parent fait des « parties » la fin de semaine, que les enfants sont exposés à l’alcool et à la drogue, qu’ils souffrent d’asthme, par exemple, c’est autre chose. C’est toujours l’impact des gestes et des décisions que les parents prennent, par rapport aux enfants. Il y a plein de gens très fonctionnels dans la vie qui fument, boivent ou prennent du cannabis ! ». Mme Gallo ajoute : « En ce qui a trait aux jeunes, on sait que fumer ou prendre n’importe quelle drogue en bas âge a des impacts et des séquelles importants sur le développement cognitif et comportemental des enfants. Là, on intervient, parce que c’est essentiel. »

La DPJ d’hier et celle d’aujourd’hui

Les temps ont changé et la société aussi. Quelle est la différence entre la DPJ d’il y a 40 ans* et celle d’aujourd’hui?

« Je dirais que c’est dans la philosophie et dans l’inclusion de la famille, des parents, de la famille élargie, et avec tout le volet de respect dans la façon de maintenir les valeurs coutumières des familles - plus spécifiquement chez les familles autochtones, avec les changements prévus à la loi », indique Mme Gallo. « Je dirais qu’on met beaucoup plus d’emphase sur un bon jumelage pour les enfants issus de communautés ethnoculturelles mais aussi on essaie de mieux arrimer les valeurs spirituelles aussi, car pour beaucoup de parents, d’enfants ou de familles, incorporer ce volet crée en quelque sorte un facteur de « protection », parce que ça leur donne une croyance, une force. C’est présent et dans les évaluations, on doit tenir compte de cet aspect. »

La DPJ, à l’ère du CIUSSS

La DPJ, maintenant intégrée au CCSMTL, présente des avantages, mais aussi des défis. Aussi, Mme Gallo y voit de belles occasions de travailler avec les services de proximité :

« On est beaucoup plus proches, ça nous permet d’avoir moins d’interlocuteurs. Avant la réforme (Loi 10), on était deux DPJ sur l’île de Montréal et on devait travailler avec 12 CSSS. Aujourd’hui, on est 2 DPJ sur l’île de Montréal et on travaille avec cinq CIUSSS. Avec moins d’interlocuteurs, c’est plus facile d’envisager et d’entamer des projets pilotes, je dirais. C’est un plus. Mais un des défis réside dans le fait que la mission protection de la jeunesse est une spécialité et elle ne représente qu’une partie des nombreuses missions du CCSMTL, qui compte toutes les missions de santé, c’est-àdire, de la périnatalité jusqu’à la fin de vie – c’est énorme. La DPJ, c’est de la naissance jusqu’à 18 ans et quelques poussières, alors on est un peu moins vaste, mais très spécialisé. Il faut donc savoir comment trouver sa juste place pour assurer la présence nécessaire. Je pense que ça demeure encore un défi que l’on doit relever ».

Être DPJ au quotidien

 Dans le quotidien de son travail, Mme Gallo préfère par-dessus tout le volet interpersonnel :

« Je suis très curieuse des gens, j’aime les connaitre, j’aime rencontrer du monde, j’aime avoir la capacité d’avoir une influence sur la façon de faire les choses, de partager des connaissances et d’en apprendre des autres. On a tous quelque chose à apporter. De nouveaux apprentissages, ça me donne beaucoup d’énergie. »

Quant à ce qui l’attriste ou ce qu’elle trouve le plus difficile dans son travail, il y différentes choses :

« C’est quand on suit les enfants qui sont en PJ et qu’on réalise qu’il y en a plusieurs pour qui on ne réussit pas nécessairement à créer le réseau familial, soit que le réseau familial ne peut pas se maintenir autour de l’enfant ou soit que l’enfant n’a pas de réseau social. Ça m’attriste beaucoup. Aussi, j’ai toujours le souci qu’un jour l’enfant aura 18 ans et qu’on ne sera plus présent dans sa vie. On doit s’assurer que cet enfant puisse non seulement s’épanouir, mais aussi avoir une qualité de vie. On fait un meilleur accompagnement maintenant qu’il y a 15 ans, mais on peut améliorer la situation. Heureusement, j’ai connu des enfants de la DPJ qui me sont revenus, une fois adultes, pour me dire « Vous êtes devenus ma famille; je vivais là (milieux de réadaptation), les professionnels qui étaient là étaient en quelque sorte mes parents ». On était les seuls adultes significatifs dans la vie de ces enfants. Ce n’est pas un grand nombre d’enfants, mais je me préoccupe pour ces enfants et leur réalité. Une autre préoccupation que j’ai et qui me touche beaucoup est le volet scolarisation. Pour moi, c’est essentiel qu’on donne les conditions nécessaires pour que les jeunes reçoivent une scolarisation suffisamment bonne pour qu’ils soient en mesure de s’épanouir. Qu’ils soient en milieu familial où on soutient les parents pour les aider, ou qu’ils se retrouvent avec nous, dans nos milieux de réadaptation ou en centre d’accueil, la scolarisation est essentielle. On sait que le niveau de scolarisation peut avoir un impact sur leur capacité de se sortir de situations précaires. On sait aussi qu’il y a une corrélation entre la scolarisation et la résilience, alors moi, ça m’interpelle et je veux m’assurer qu’on le fait. »

Maintenant, pour le côté un peu plus « perso » d’Assunta Gallo

À la question, quel est votre péché mignon, Mme Gallo répond d’emblée :

« J’aime cuisiner, j’aime aller au gym – le gym c’est ce qui préserve ma santé mentale! J’adore le jardinage et la lecture. Et parlant de littérature, elle avoue lire beaucoup de matériel en lien avec son travail… Dernièrement, elle a lu le livre Bonheur es-tu là?, de Francine Ruel, qu’elle a beaucoup aimé. J’aime aussi les ouvrages basés sur des lieux (géographie et histoire). « Mais je sais aussi ce que je n’aime pas! précise Mme Gallo, les romans « fleur bleue » et les drames violents ». En musique, Mme Gallo a des goûts éclectiques : « J’aime la musique internationale (grecque, libanaise, africaine, etc.). J’aime l’air ou le rythme de cette musique, bien que je ne sache pas ce que les paroles veulent dire! ».

Des choses à ajouter?

Mme Gallo le réitère : toute la société a un rôle à jouer dans la protection des enfants. « La DPJ, assurément, ainsi que les directions en soutien ont un rôle très spécifique, mais comme collectivité, nous sommes tous responsables des enfants. J’ai toujours dit que dans n’importe quel rôle que l’on joue quand on travaille dans une mission, on crée un impact. En voici un exemple : je rentre ici, dans l’établissement, nous avons un agent de sécurité en bas. L’agent de sécurité est en soutien à notre mission. Autre exemple : des cuisiniers dans les milieux de réadaptation. Ils sont en soutien. S’ils n’étaient pas là, nous ne pourrions pas faire notre mission. Les intervenants, la même chose. On fait tous partie de la même mission. Moi, c’est quelque chose qui m’anime, parce que chacun d’entre nous possède un morceau du cassetête et ensemble, on peut voir le portrait dans son entièreté. »