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Centre intégré universitaire
de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal

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Alternatives à l'urgence

Pour un problème de santé mineur (non urgent), il existe d'autres options que l'urgence. 

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Actualités

Médecine communautaire : soigner et s’impliquer pour une société en santé

Le réseau de la santé ne cesse de se réinventer et les soins dispensés dans les communautés changent la donne pour celles et ceux qui en bénéficient.

Au CCSMTL, le docteur Daniel Murphy, directeur des services professionnels et des affaires médicales universitaires, le confirme : «Tous les départements médicaux collaborent pour offrir des alternatives à l’hospitalisation. Le corps médical s’efforce de fournir autant que possible des soins dans les milieux de vie des usagers et usagères, c’est-à-dire dans la communauté.»

Dans un Centre-Sud où le profil des communautés continue d’évoluer, les équipes soignantes redoublent d’efforts pour s’adapter aux différentes réalités. Parmi elles, Docteure Marianne Genest, psychiatre, cheffe du département de psychiatrie et cheffe de la psychiatrie urbaine au CCSMTL est déterminée à soutenir la population sur tous les fronts.

Rencontre avec une médecin tout-terrain.

Dre Genest

La communauté tatouée sur le cœur

Après un début de carrière à Québec, où elle était — entre autres — responsable du Traitement intensif bref à domicile (TIBD), service d’hospitalisation en psychiatrie à domicile, Docteure Marianne Genest est arrivée au CCSMTL en 2021 avec la ferme intention d’avoir un impact concret auprès de ses usagers et usagères. 

En plus de ses rôles de médecin psychiatre à l’Hôpital Notre-Dame et au CLSC Sainte-Catherine, et de cheffe du département de psychiatrie du CCSMTL, Docteure Genest est la créatrice et coresponsable du tout premier modèle TIBD à Montréal, qu’elle a implanté à son arrivée dans la métropole. En parallèle, elle intervient également dans l’équipe du Suivi intensif dans le milieu (SIM) et collabore avec l’Équipe mobile de référence et d’intervention en itinérance (EMRII). 

Elle explique, «Je suis venue travailler ici pour toutes sortes de raisons, mais surtout parce que je savais que les usagers et usagères du centre-ville de Montréal étaient particulièrement vulnérables. Je voulais avoir la possibilité de leur donner un coup de main. 
En tant que cheffe de département, je peux agir sur les façons de faire et les décisions et en tant que clinicienne je peux offrir des soins aux gens. Je peux aller à leur rencontre dans la communauté, là où ils en ont besoin.» 

Répondre aux besoins, là où ils sont criants

Leadership, présence sur le terrain, encadrement… des couloirs de l’Hôpital Notre-Dame à ceux du métro montréalais, en passant par son bureau au CLSC, les voitures de police ou dans les logements de ses patientes et patients, la docteure Marianne Genest prend soin des gens partout où c’est nécessaire.

Alors qu’elle est confrontée, comme tous et toutes les médecins du réseau de la santé, à des exigences élevées, elle doit alterner entre journées lors desquelles s’enchaînent de nombreuses rencontres et des suivis de toutes sortes, et des journées imprévisibles sur le terrain, auprès des personnes les plus vulnérables.

Loin de l’image de la médecin en blouse blanche, derrière son bureau, ou lors d’un passage éclair dans la chambre de ses patientes et patients, elle s’efforce de s’adapter à celles et ceux qu’elle rencontre.

Pour parvenir à donner des soins adaptés à toutes les personnes dont elle a la responsabilité, Docteure Genest doit se montrer tout aussi disponible lors de séances planifiées dans son bureau, qu’en déplacement imprévu sur le terrain dans des conditions parfois rocambolesques. Son secret? La flexibilité. Et une authentique humilité.

Elle explique : «C’est un monde fascinant. J’aime travailler avec les usagers et usagères vulnérables parce que je suis convaincue qu’on peut vraiment faire quelque chose pour les aider, quand on se met à leur niveau.
Le fait d’aller à domicile, dans une station de métro ou dans un refuge, ou n’importe où les gens sont, je trouve que ça renverse vraiment le rapport médecin-patient.e. On entre dans une relation d’échange. 

Oui, les médecins ont un savoir et une expertise, mais les personnes que l’on soigne aussi. 

On a la possibilité d’écouter leur histoire, et on les voit comme autre chose qu’une maladie mentale ou une situation d’itinérance. Je me sens privilégiée quand ces personnes partagent un bout de leur histoire avec moi, j’ai de la chance de pouvoir apprendre à les connaître.»

Une place à part dans la communauté

Cette réalité empreinte de flexibilité et de don de soi semble être une évidence pour Marianne Genest et sa sincère volonté de contribuer à l’évolution des soins… et des mentalités.

Elle précise : «Quand on est médecin, on fait face à une pression énorme, c’est vrai. 

Quand je dois vider mon urgence, ou que je dois voir — et soigner efficacement — une vingtaine de personnes dans ma journée, je ne peux pas leur consacrer tout le temps que je voudrais.

Pourtant, je suis convaincue qu’en créant un lien avec les personnes que l’on rencontre, on arrive à rester engagé.e.s, et à garder toute notre humanité. »

Toujours en équipe, entourée de travailleuses sociales et travailleurs sociaux, infirmières et infirmiers, policières et policiers, elle a à cœur de tenir son rôle de soutien à titre de médecin au cœur de sa communauté. 

Elle explique : «C’est sûr que le poids des responsabilités peut amener certains médecins à reléguer l’aspect communautaire du soin aux autres services. On peut prendre une position administrative et s’assurer de la présence d’intervenantes psychosociales et d’intervenants psychosociaux dans le métro.

Et je suis d’accord : c’est très important. 

Mais je pense que ça ne doit pas s’arrêter là. On ne doit pas uniquement compter sur les intervenants et intervenantes pour amener les personnes à consulter des médecins. Il faut que les médecins interviennent directement sur le terrain. Ça nous appartient aussi.
Soigner sa communauté, c’est une responsabilité sociale partagée.»

Un avenir plein de promesses pour les communautés

En un peu plus de 10 ans de carrière, seulement, Docteure Genest a pu constater une prise de conscience encourageante parmi les équipes soignantes.

Alors qu’elle était seule à la tête du TIBD du Québec, près de 5 psychiatres font maintenant partie de l’équipe. Du côté de la nouvelle génération, de plus en plus de résidents et résidentes font le choix d’intervenir auprès de personnes en situation d’itinérance et de s’impliquer au cœur même de leurs communautés.

De par leur incontournable rôle dans la santé des populations, les médecins communautaires sont de plus en plus nombreux et nombreuses à sortir des sentiers battus pour bâtir, en équipe, des sociétés plus justes, plus inclusives, plus en santé.

Grâce à des cliniciennes et cliniciens tout terrain comme la docteure Genest, dont l’humanité se décline aussi bien sur les trottoirs du centre-ville que dans les couloirs aseptisés, les usagers et usagères en situation de vulnérabilité ont des allié.e.s sur qui compter.

Pour nous aider à les voir et aussi à les regarder, à les comprendre et à les soigner.

Merci Docteure Genest, d’avoir partagé avec nous un petit morceau de votre quotidien très chargé.