Les éducatrices et éducateurs sont, par définition, des gens de cœur. Pour la fête des Pères, nous avons rencontré l’un d’entre eux, à qui la vie a récemment fait un bien joli cadeau.
Portrait d’un papa poule, éducateur en réinsertion sociale du programme Cran au Centre de réadaptation en dépendance de Montréal.
Découvrir David Lavoie, c’est découvrir une force tranquille. Une force sur laquelle, on le sait d’emblée, on pourrait en toute confiance s’appuyer en cas de turbulences de la vie.
Changement de carrière à 40 ans, paternité à 50 ans… c’est un père et un éducateur au vécu riche et aux valeurs bien ancrées que nous sommes allées rencontrer.
Dans la vie de David, il y a eu de belles surprises, mais jamais de hasards. À commencer par son bébé miracle, né il y a 3 ans pour le plus grand bonheur de David et sa conjointe.
Alors qu’après des essais infructueux, le couple envisageait une vie sans enfant, leur fils est finalement arrivé sans prévenir. Depuis, David vit à fond sa vie de super papa.
Présent, aimant, actif, il savoure sa relation avec son fils avec un sentiment d’urgence. Et surtout, une pleine disponibilité. Entre activités sportives, présence au quotidien, sorties et grands voyages, une chose est sûre : son rôle de papa, c’est le premier rôle de sa vie!
« Je suis devenu papa assez tard. Quand je me projette dans le temps, c’est un peu étourdissant. Au début, on se pose beaucoup de questions, mais je fais comme tous les parents : je fais de mon mieux. Je suis un peu intense aussi, je veux lui faire vivre plein de choses! Je me considère vraiment chanceux de pouvoir vivre ma paternité, et je le fais à fond. »
Aidé par son solide bagage auprès de ses usagers et usagères, il tient par-dessus tout à transmettre à son fils les valeurs humaines chères à son cœur.
« Je veux qu’il grandisse avec une notion de non-jugement. Quand je suis avec lui, si on croise un itinérant je lui donne une pièce pour qu’il la lui donne. Je veux qu’il comprenne que ça peut arriver à tout le monde, et que tout le monde est digne de respect. »
Tolérance, respect, ouverture d’esprit… toutes les qualités indispensables qui font de lui un professionnel extraordinaire pour ses patients et son équipe.
Papa à la maison, grand-frère sur le terrain
La réinsertion sociale, c’est trouver des ressources, développer des contacts, accompagner, conseiller, aider à aller de l’avant… Encore une fois, un rôle sur mesure pour David et son besoin d’agir.
Avec David, il faut que ça bouge! Son bureau, c’est le banc dans le parc, les sièges du métro, les appartements de ses usagers et usagères. C’est partout où sont les gens.
Les éducateurs et éducatrices passent beaucoup de temps avec leurs patients et patientes. Ils créent ainsi un lien particulier, pour gagner petit à petit leur confiance, à force de patience et de non-jugement. Comme une manière de vivre leur souffrance de l’intérieur, pour mieux les comprendre.
« On voit beaucoup de gens à la dérive, qui n’ont pas la chance d’être aidés. Mon rôle, c’est un peu celui d’une perche au bord de l’eau, que les gens peuvent attraper pour s’en sortir. Certains de mes usagers me voient peut-être comme une mère, d’autres comme un père… Moi je me vois plus comme un grand frère. Je ne suis pas leur père, mais je suis toujours là pour les aider. »
Au quotidien, l’objectif de la réinsertion sociale est d’amener les personnes suivies vers une plus grande autonomie. Bien sûr, ces personnes-là ont toute une histoire et un point de départ différent, et David en tient compte dans toutes ses interventions.
Dans ses démarches visant à laisser ses usagers et usagères à voler de leurs propres ailes, il peut compter sur ses collègues pour l’aider à prendre du recul au besoin… un recul tout relatif, pour cet intervenant particulièrement engagé.
Au CRDM depuis 10 ans, c’est là qu’il se sent plus que jamais « sur son X ». Dans cette équipe multidisciplinaire, les médecins, infirmières et infirmiers, et autres membres du personnel sont des personnes au grand cœur. Comme une équipe de superhéros et héroïnes, qui contribuent au mieux-être des plus vulnérables.
« On a l’occasion d’apprendre à vraiment connaître les gens. On s’investit, on voit les usagers évoluer et on sent qu’on fait une vraie différence. On dit souvent qu’on ne sauve pas de vies… mais en fait, parfois si. Quand on aide quelqu’un à ne pas consommer, on peut sauver sa vie. »
Ce qui est sûr, c’est que la vie, David l’embellit. La vie de son fils, de sa compagne, de ses usagers et usagères, de son équipe, aussi.
Par sa présence auprès des siens et de ses usagers et usagères, ce papa poule et grand frère, David donne sans compter. Et quand on voit l’étincelle dans ses yeux lorsqu’il nous parle des deux rôles de sa vie, on se dit que tous ses efforts sont récompensés.
Bonne fête des Pères David!