Retour sur une rencontre profondément touchante avec une femme au cœur immense :
L’hôpital de Verdun est un endroit que vous connaissez bien?
« Oui. Je connais tous les coins et recoins! (Rires) Au fil des années, j’y ai fait du bénévolat à différents endroits. Aujourd’hui, je suis à l’entrée principale, sur le boulevard LaSalle. J’y fais du bénévolat du lundi au vendredi, de 8 h à 14 h. »
D’où vous vient ce désir d’aider les autres?
« Mon père et ma mère sont décédés dans mes bras. Lorsque mon père était hospitalisé, j’étais toujours à ses côtés. Je dormais à l’hôpital. Et en m’occupant de lui, je voyais d’autres malades qui avaient besoin d’aide et j’allais les voir. Je devais faire quelque chose. Et ce fut la même chose lorsque ma mère est tombée malade. C’est comme si le besoin d’aider s’était imprégné en moi. Et c’est en voyant mes parents mourir à l’hôpital que j’ai eu envie d’y faire du bénévolat. »
Selon vous, que signifie être bénévole?
« Être bénévole, c’est avoir de l’empathie envers les autres. C’est ressentir ce que l’autre ressent. Ce n’est pas que servir en donnant des indications, c’est se connecter sur le cœur. C’est accueillir, offrir un sourire, prendre des nouvelles à l’arrivée et à la sortie. Toujours avoir une petite gentillesse. Les gens qui viennent ici sont souvent nerveux ou perdus. Nous, nous sommes là pour les rassurer et les accompagner. »
Diriez-vous que le bénévolat a le pouvoir de transformer les gens?
« Le bénévolat fait de nous de meilleurs humains. C’est peut-être aussi la sagesse de l’âge, mais le fait de faire du bénévolat m’a rendue plus humaine. Je n’en veux plus aux autres, même à ceux qui m’ont fait du mal. Je crois que chaque personne devrait tenter l’expérience du bénévolat au moins une fois dans sa vie. Ça va beaucoup la changer. »
Qu’est-ce qui vous motive à continuer votre bénévolat?
« De servir les autres. Mon mari est décédé et je n’ai pas eu d’enfant. J’ai de bonnes amies qui se réunissent pour jouer aux cartes tous les jours, mais ce n’est pas ce que je préfère. J’ai toujours voulu faire quelque chose de ma vie. J’aime faire le bien et être en contact avec les gens. C’est très important pour moi. Je ne pourrais pas rester à la maison sans rien faire. N’ayant pas d’enfant, j’ai mis tout mon amour dans l’hôpital. »
J’imagine que certains collègues sont aussi devenus des amis?
« Certainement! Plusieurs sont devenus des amis. Et ce sont toutes des personnes avec qui je partage des valeurs communes. Je les appelle affectueusement mes bébés. (Rires) »
Y a-t-il un moment marquant ou une expérience qui vous a particulièrement touchée?
« Je me rappelle d’une dame en fin de vie. Elle n’avait pas de famille ni personne à ses côtés. Je ne pouvais pas la laisser seule. Je suis restée près d’elle jusqu’à sa mort. Moi, je n’aimerais pas mourir seule. J’habite seule, mais je préfèrerais mourir à l’hôpital, car je sais que je serais bien entourée. »
Pensez-vous un jour ralentir ou cesser votre bénévolat?
« À 86 ans, je pourrais tomber et me blesser. On ne connait pas l’avenir. Mais pour l’instant, je vais bien et je souhaite continuer mon bénévolat tant que ma santé me le permettra. »