Dans leur quotidien organisé autour de leur santé, les résidents et résidentes des centres des milieux de vie et de soins de santé n’ont que rarement l’occasion d’étendre leurs horizons.
Mais au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, des « spécialistes du fun » prennent les choses en main pour offrir aux patients et patientes en hébergement des expériences uniques, aussi bénéfiques pour leur santé que pour leur bien-être en général.
Ce sont les techniciens et techniciennes d’intervention en loisirs! En étroite collaboration avec les récréologues et les équipes de soins, ces intervenants et intervenantes égayent le quotidien des personnes hébergées, dans le cadre d’activités ludiques et thérapeutiques essentielles.
David Bastien, usager, et Albert Kapundu, technicien d’intervention en loisirs
Albert Kapundu est technicien d’intervention en loisirs au CHSLD Paul-Émile Léger. Très populaire auprès des résidents et résidentes, il a – entre autres – mis sur pied un projet clé de l’installation : l’atelier d’art du vendredi matin.
Rendez-vous hebdomadaire incontournable pour plusieurs personnes hébergées à Paul-Émile Léger, cette activité est avant tout un espace créatif dans lequel chacun et chacune peut s’exprimer librement, à son rythme, et sans jugement.
Dans un local dédié, il les accompagne dans l’exploration de leur créativité. Sa présence essentielle auprès des résidents et résidentes, pendant ce moment privilégié, permet de créer des liens très forts. Albert confie:
«Mon objectif, derrière tout ça, c’est d’utiliser l’art comme un moyen de communication non verbal, particulièrement bénéfique pour ceux qui ont de la difficulté à exprimer leurs émotions avec des mots.
Dans toute l’organisation, les techniciens et techniciennes en loisirs représentent la partie le fun, ce qui fait en sorte que les résidents et résidentes sont souvent plus ouvert.e.s avec nous. À travers nos activités et notre présence, on crée une routine rassurante et un espace d’écoute.
L’équipe loisirs est souvent un repère dans leur quotidien.»
Sa collègue Sylvie Allard, technicienne d’intervention en loisirs, partage ce point de vue. Elle explique:
«L’interaction qu’on peut avoir avec les résidents et résidentes est unique. On développe des liens forts, on est un peu leur famille élargie.
Je ne vois pas leur situation, je vois des personnes avec qui je peux rire et que je peux taquiner!»
Pour cette professionnelle aguerrie, qui accompagne les usagers et usagères de Paul-Émile-Léger depuis plus de 27 ans, les loisirs sont une véritable vocation.
Toujours dans l’action, cette sportive aime avant tout organiser des activités qui stimulent les usagers et usagères.
Planifier, organiser, animer… Auprès des résidents et résidentes relativement jeunes (dont la moyenne d’âge n’est que de 55 ans), son objectif est de faire du centre d’hébergement un milieu vivant.
«Nos usagers et usagères ont le goût de se réaliser. Alors on fait des sorties, on va à la plage, on se baigne, on fait de la planche à pagaie adaptée, de la voile adaptée… Les personnes qui peuvent marcher et bouger font les activités. Ceux et celles qui ne marchent pas, mais veulent profiter de la sortie, peuvent venir aussi.
Moi ce que je veux, c’est animer leur quotidien. Rendre leur vie encore plus vivante!»
Prochaine étape pour Sylvie? Aller faire du ski nautique adapté avec un groupe de résidents et résidentes!
Pour Patrick Varin, résident de Paul-Émile Léger, l’atelier d’art du vendredi a revêtu une importance toute particulière grâce au soutien d’Albert. Il partage:
«Je dessinais beaucoup, c’était ma passion. Mais j’ai eu le syndrome du tunnel carpien et c’est devenu beaucoup trop douloureux. C’était très dur de devoir renoncer au dessin, alors Albert m’a proposé d’essayer de peindre pour continuer à créer.
J’aime beaucoup ça. Ma main va mieux et je continue à peindre. C’est un nouveau talent que j’aime beaucoup exploiter.»
Se rencontrer pour mieux créer
En avril, l’atelier d’art du vendredi matin de Paul-Émile-Léger a accueilli des visiteurs et visiteuses vivant en ressources intermédiaires ou en ressources à assistance continue, et qui reçoivent des services spécialisés en déficience physique ou en trouble du spectre de l’autisme.
En prévision du jour de la Terre, qui sera souligné le 22 avril, les équipes de ces installations et celles de Paul-Émile Léger ont décidé de rassembler leurs usagers et usagères autour d’un atelier d’art, pour réaliser un projet d’art collaboratif et créer une grande œuvre colorée en matériaux recyclés.
Maude Giguère, éducatrice spécialisée et responsable de la programmation d’activités en communauté, a organisé ce projet de collaboration novateur.
Elle précise: «Chacun et chacune peut ajouter sa touche colorée, pour créer un grand projet. Ce moment permet aux usagers et usagères de rencontrer de nouvelles personnes dans une ambiance créative et positive! Il est très agréable d’observer et de prendre part aux interactions entre les participants et participantes des différents milieux.»
Brooke Thomson
Pour Brooke Thomson, éducatrice en RAC, cette initiative qui permet aux usagers et usagères de sortir et de rencontrer de nouvelles personnes est un véritable succès. En effet, de nombreuses personnes hébergées en RAC sélectionnées pour participer ont répondu à l’appel avec enthousiasme, sans hésiter.
Brooke explique, «En RAC, les usagers et usagères n’ont pas la chance de sortir souvent. C’est très important pour toutes les personnes hébergées de pouvoir profiter de ces occasions de rencontrer du monde, de se sentir véritablement impliquées dans leur communauté.
Ça leur permet de développer leurs aptitudes sociales, leurs habiletés.
Et c’est un vrai bonheur de les voir si heureux et heureuses de participer aux activités.»
Le sourire de Manon Faille, résidente de RAC en visite à Paul-Émile Léger, confirme en effet que l’initiative est un véritable succès.
Elle partage son enthousiasme : «J’aime beaucoup ça, venir peindre avec les autres. C’est vraiment le fun!»